
COLOMBIE

RENCONTRE AVEC LE DIRECTEUR DE LA CCI FRANCE À MEDELLIN
C'est avec un large sourire que Juan Esteban Betancourt, le directeur de la CCI France basée à Medellin, nous a accueilli dans ses locaux situés dans le quartier de "la midia de oro"*. Il était accompagné de Charlotte, une étudiante française de Toulouse Business School, qui est actuellement en stage chez eux.
Juan Esteban parle très bien français puisqu'il a effectué un double diplôme (European Bachelor Management) à l'EM Strasbourg, il y a quelques années déjà . Âgé d'une trentaine d'année, il s'acquitte en août dernier de la lourde tâche de développer la CCI France de MedellÃn dont le réseau n'est pas encore très bien développé puisqu'elle n'a que 4 ans. En comparaison la CCI principale de Colombie, qui est basée à Bogotá, à une vingtaine d'année. Juan Esteban est très impliqué dans sa mission et pour cela, avec l'aide de Charlotte, ils organisent des évènements, des conférences ou bien des séminaires pour que les entreprises se réunissent et puissent échanger entre elles.
La CCI est une entreprise privée à but non lucratif. Sa mission se compose en trois phrases:
- Accompagner ses membres dans le développement de ses activités commerciales et d'investissements.
- Offrir aux entreprises colombiennes et françaises les outils nécessaires à la réalisation d'accords bilatéraux.
- Animer la communauté d'entreprises franco-colombiennes.
Les membres qui composent la CCI sont généralement des entreprises françaises qui cherchent à s'implanter en Colombie car ils y voient un intérêt économique. A notre question "est-il indispensable de passer par la CCI pour s'implanter en Colombie ?" Juan Esteban nous répond que non. Cependant cela est fortement conseillé souligne Charlotte, car la CCI dispose d'un réseau qui permet d'accélérer les démarches administratives d'implantations. De plus elle connait les lois et les mesures en vigueurs du pays que devront respecter les entreprises étrangères implantées. Par exemple, cela fait 2/3 ans que Décathlon est présent en Colombie. Pour s'implanter et ouvrir son premier magasin, l'entreprise de distribution d'accessoires sportifs a utilisé les services proposés par la CCI à savoir, une étude de marché. Toutes les entreprises ayant la volonté de s'implanter en Colombie sont acceptées, le prix pour la prestation de service dépend cependant de la taille de l'entreprise.
Durant cet échange nous avons appris que la France est le premier pays investisseur en Colombie devant les Etats-Unis et l'Allemagne. Les entreprises françaises permettent de créer 100 000 emplois et génèrent plus de 20 milliards d'euros annuels. Durant l'échange, Juan Esteban nous cite plusieurs enseignes françaises réellement impliquées dans la croissance du pays tels que Veolia, Vinci, Scneider Electric, Saint Gobain ou bien L'Oréal. Dans l'industrie de la grande distribution nous retrouvons Casino, qui possède près de 70% des Exitos** du pays. Dans l'industrie automobile, Renault possède 20,5% du marché colombien. Enfin dans l'industrie pharmaceutique, Sanofi est le n°1 local avec 5 filiales et 3 unités de production.
Voici un autre exemple marquant de l'implantation française: un moyen de transport s'est beaucoup développé depuis 5 ans à Medellin, il s'agit du "métro cable". Ce moyen de transport permet au citoyens vivant sur les extrémités en hauteur de la ville, de rejoindre le centre plus facilement et aussi plus rapidement qu'auparavant. L'entreprise à l'origine du métro cable est Poma. Poma est une entreprise française qui met en place les téléphériques et les télécabines dans les stations de ski françaises.
Ainsi la Colombie semble avoir trouvé un partenaire commercial de choix, et leurs accords commerciaux semblent assurer la pérennité d'une entente cordiale entre les deux pays. La France n'exporte pas que des biens et des services, elle importe aussi beaucoup de produits Colombiens. 46% des exportations en Hydrocarbures naturel colombien sont achetées par la France. De plus celle-ci importe près de 50 millions d'euros de fruits tropicaux ainsi que des fleurs ou encore du ciment.
Lors de cet échange, nous avons compris que, pour une entreprise française qui veut s'implanter, recevoir l'aide de la CCI représente un atout majeur. En effet celle-ci dispose des ressources nécessaires pour accélérer les démarches d'implantation et pour aider les entreprises dans leur développement économique. Nous avons appris aussi que la France est le premier partenaire commercial de la Colombie. Enfin Juan Esteban nous informe que la CCI propose aussi les offres de stage et de V.I.E de ses partenaires, c'est comme cela que Charlotte a pu trouver son stage dans la ville de l'éternel printemps.
*Quartier de "La mine d'or" Ã Medellin
**Enseigne de grande distribution local. 1er employé privé du pays, 1er distributeur en Amérique Latine.
DON FELIPE
Expatrié à Bogota
Rencontre aujourd’hui avec Philipe Soto, expatrié français depuis 6 ans en Colombie.
Diplômé des Arts et Métiers à Bordeaux, Philipe commence sa carrière au sein de Vinci Construction à Toulouse. L’entreprise souhaite développer son activité en Amérique du Sud après avoir racheté une société dans le BTP. C’est ainsi que Philipe reçoit une proposition d’expatriation en 2013 pour la Colombie pour un poste de direction.
Il connaît déjà le pays et parle couramment la langue puisqu'il s’y est rendu à la fin de ses études. Il a depuis toujours été très attiré par la culture latino-américaine. Philipe a récemment acheté un appartement à MedellÃn où il y passe ses week-end. La semaine il se rend à Bogota en avion pour travailler sur les projets de l’entreprise et les nouveaux chantiers.
Expatrié français, Philipe travaille sous contrat français et dispose ainsi des droits du travail du pays d'origine (5 semaines de congés payés par an, 35h/semaine, prime d’expatriation, etc).
Il ne paye plus ses impôts en France car il ne bénéficie plus des avantages français, notamment de la sécurité sociale. Pour les soins, il dispose dans son contrat d’une mutuelle colombienne privée. A la différence, un employé colombien sous contrat local doit respecter les lois en vigueur du pays (48h/semaine, 2 semaines de congés payés par an pour un salaire minimum de 300 $US par mois).
Les difficultés professionnelles qu’il rencontre se situent principalement au niveau du recrutement des postes de direction. Il est en effet difficile de trouver des employés de l’entreprise souhaitant s’expatrier en Colombie. L’offre d’expatriation à l’étranger existe au sein de Vinci, mais les réponses sont souvent négatives. La durée d’expatriation n’étant pas toujours déterminée, tout autant que les conditions de retour, cela a tendance à dissuader les employés de partir.
Il est toutefois important pour l’entreprise de disposer de français sur le sol colombien, notamment dans les postes de direction car ils connaissent la culture entreprise ainsi que son fonctionnement. En d’autres termes, la direction est constituée de français tandis que la main d’œuvre est exclusivement composée de locaux.
Au niveau du management local, Philipe nous fait part de quelques différences comparé à celui pratiqué dans l’hexagone. Premièrement il est commun en Colombie d’arriver avec quelques minutes de retard lors de réunion. Mais la différence majeure avec la France se voit notamment sur la prise d’initiative. Les colombiens attendent que les décisions viennent de leurs supérieurs et ont du mal à entreprendre. Les prises de décision sont longues et doivent être prises à l’unanimité. Les réunions se font donc à répétition. Il est aussi important de savoir que dans la culture colombienne il est très rare que votre interlocuteur vous dise « non ». Il faut réussir à différencier les nuances des propos des employés afin de bien les comprendre. Cela demande un certain temps d’adaptation.
La Colombie reflète encore une image d’insécurité, c’est pourquoi l’entreprise propose des séminaires à ses employés concernant la sécurité.
Philippe se rend à Paris au siège environ une fois par mois pour les réunions importantes. La présence physique est encore importante, même si celle-ci représente pour l’entreprise un budget conséquent.
Merci Philipe pour le tout le temps que tu nous a consacré et les informations que tu as pu nous transmettre. Bonne continuation chez Vinci en Colombie.

Satisfaction garantie
CAFÉ CHUAPA: SUR LA ROUTE DES TERRES CACHÉES ET MYSTIQUES DE SALENTO

C'est dans leur appartement situé à Medellin que François et sa femme ont décidé de nous raconter leur histoire. Originaire de Bretagne, François arrive en 1981 pour la première fois en Colombie. A l'époque il travaille pour l'entreprise Jeumont-Schneider et a pour mission d'installer des centraux téléphoniques dans la région de Medellin. C'est dans la ville de l'éternel printemps qu'il rencontre sa femme Marleny. Son parcours professionnel le conduit ensuite à travailler dans divers pays tels que l'Indonésie, l'Egypte ou encore l'Arabie Saoudite. En 2016 ils sont tous deux retraités et décident de retourner vivre à Medellin.
Après avoir vécu dans divers coins du globe et exercés différents métiers ce couple de retraités n'en n'a pas terminé avec le monde professionnel, loin de là . Bien décidé à s'occuper, mais surtout à "s'amuser" comme le souligne François, le couple franco-colombien a décidé de lancer la toute jeune marque de café Chuapa.

Chuapa, ce nom mystique à connotation indigène tire son origine des hauts plateaux de Colombie de Salento. Salento est un petit village situé dans la région du Quindio qui est niché entre Medellin et Cali. Là -bas se trouve la vallée de Cocora, cette vallée à la particularité d'abriter les plus hauts palmiers du monde à savoir "la palma de cera"*. Contrairement aux autres palmiers, ceux-ci ne produisent pas de noix de coco mais des fruits utilisés à l'alimentation du bétail ainsi que de la cire. Les paysans indigènes s'en sont longtemps servis pour fabriquer des bougies.
Marleny et François, ont choisi ce nom pour représenter l'origine de leur marque de café ainsi que la peinture (peinte part Marleny) qui orne leur paquet (voir photo ci-dessous). Ce sont les nombreux contacts du couple en Colombie qui leur a permis de lancer leur affaire.
Le café organique, qui nécessite peu, voire pas d'eau, est d'abord cultivé chez un ami du couple puis, il est torréfié chez un torréfacteur non loin de là . Son café est de très bonne qualité et l'un de ses avantages concurrentiels est son prix attractif. De plus la vente en circuit court a été privilégiée pour la distribution du café. "La clef du succès en Colombie est de rester modeste, de comprendre la culture locale et d'être innovant" d'après François. L'originalité de la distribution du café Chuapa ce sont les "drips" (voir photo ci-dessous). Ce sont de petits filtres à café munis de languette en carton qui permettent au filtre de tenir dans une tasse. Il suffit juste de l'eau chaude et le tour est joué ! C'est plus économique et plus écologique que des capsules en aluminium nous apprend le retraité. François cible tout d'abord le marché Colombien mais compte aussi s'exporter dans le maximum de pays et profiter de l'exonération des droits de douanes du café nous explique-t-il. Les principaux clients visés sont les petits restaurants, les cafétérias, les backpackers et les hôtels.
L'activité de la jeune entreprise ne fait que commencer et pourtant les futurs projets ne manquent pas d'éclore dans la tête de Francois et de Marleny. Le projet d'ouverture d'un "café arte" n'est qu'une idée parmi tant d'autres. Ils souhaitent faire partager leur passion de la peinture à travers leur café. Ainsi le café "arte" exposera les peintures de jeunes artistes cherchant à se faire connaître tout en distribuant le café Chuapa.
C'est finalement après plusieurs heures de discussion que ce qui n'était au départ qu'un simple entretien s'est peu à peu transformé en échange amical et familial. François et Marleny se sont ouverts à nous et ont partagé leur passion pour le café, la peinture et surtout le goût du challenge.
*les palmiers de cire
